Vous avez dit intuition ?
La définir relève de bien des qualificatifs ; une sensation, un ressenti, une évidence, une conviction, pour les uns,
Une petite voix, une sagesse intérieure, une inspiration, une révélation, un éclair de génie, l’ « Eureka » pour les autres.
C’est de toute évidence pour tous avoir du flair, savoir solliciter son instinct, voire son sixième sens, mieux encore, c’est savoir écouter ses émotions !
Etymologiquement, l’intuition vient latin « Intueri » qui signifie : regarder attentivement à l’intérieur de soi ; voir de l’intérieur.
Le dictionnaire définit l’intuition comme une « connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience ». Elle désigne le sentiment irraisonné, non vérifiable de ce qui est ou doit être, l’acte de percevoir ce qui nous est inconnu, sans pouvoir l’expliquer ou l’argumenter.
Dans une relation entre deux personnes, l’essentiel est présent dès les premiers instants, dès que les inconscients se rencontrent. L’action du manager consiste dès lors à accompagner l’émergence des informations inconscientes – les siennes et celles de son collaborateur – notamment en faisant appel à son intuition.
L’intuition est l’un des moyens d’accès à l’inconscient individuel et collectif. C’est une perception rapide et spontanée d’une information sans l’attention consciente ou le raisonnement, une capacité immédiate de connaître qui ne recourt pas à l’intellect, au calcul, à la déduction ou au raisonnement. L’intuition est un saut quantique, quelque chose qui survient sans causalité et sans source consciente.
En tant que manager, dans ce monde VICA, vous devez désormais penser global et systémique, pour voir plus loin.
Les habiletés managériales de nombre de managers ont largement progressé, et c’est heureux ! Ils sont formés aux techniques parfois les plus avancées et sont désormais capables d’accompagner leurs collaborateurs. Ils savent créer un contact positif, s’adapter aux humeurs de leurs collaborateurs et choisir une stratégie d’entretien adaptée à la situation. Ils savent mener leurs entretiens dans les règles de l’art. Ils apprennent à écouter en silence, montrer de l’empathie, pose des questions ouvertes, reformuler, émettre des hypothèses logiques pertinentes et valoriser plus naturellement les interactions avec les équipes.
Ce que les managers ne savent pas faire – du moins pas encore – c’est disposer de perceptions intuitives et les utiliser pour aller à l’essentiel, percevoir une situation complexe dans sa globalité ou identifier le détail qui a du sens. Heureusement pour nous, l’intuition est un phénomène irrationnel qui ne dépend pas de l’intellect, donc difficile à intégrer dans un raisonnement analytique voire dans un algorithme.
Il convient donc pour chaque manager de déterminer comment apporter dans un entretien, une interaction avec un membre de son équipe une valeur ajoutée supérieure et de la pertinence, en approfondissant la fiabilité de l’intuition et notamment, le « kairos[1] », ce moment énergétique si particulier, propice à la décision. Le manager étant son propre outil, le management avec l’intuition est donc une voie médiane à approfondir entre les outils rationnels peu performants et l’irrationnel non maîtrisé.
Manager avec l’intuition aide le manager à fiabiliser sa prise de décision mais aussi à s’intéresser à son espace intérieur et à redonner du sens aux actes mécaniques qu’il pose au quotidien. Les bénéfices sont les mêmes pour les collaborateurs qu’il manage.
Le manager devient un « accoucheur de conscience » : conscience de soi et de ses propres mécanismes de fonctionnement, conscience des autres, conscience de son environnement et de l’impact de son comportement sur celui-ci. De ces prises de conscience naissent les réponses trouvées par le collaborateur pour effectuer les changements nécessaires à la libération de son potentiel.
Manager avec l’intuition est une voie de développement personnel et d’audace, qui s’appréhende, souvent s’accompagne – le coaching intuitif en est un des leviers – pour accepter d’y recourir avec authenticité, pertinence et fiabilité. L’intuition facilite la communication avec l’inconscient individuel ainsi qu’avec les inconscients collectifs des différentes cultures auxquelles son interlocuteur appartient !
C’est aussi pour le manager, une voie de perfectionnement qui permet d’éclairer ses angles morts et de réviser ses modes de décision et d’action.
Manager avec l’intuition permet de pratiquer le discernement et l’ouverture du cœur.
[1]KAIROS Selon l’analyse de Denis MOREAU – Philosophe
Le terme peut se traduire par « occasion », « moment propice, favorable ». Dans l’Antiquité, il a d’abord été utilisé dans le domaine médical, chez les disciples d’Hippocrate, pour indiquer qu’il y a deux façons d’échouer dans le traitement d’une maladie : intervenir trop tôt ou trop tard, alors qu’il existe un temps opportun (ce que les Grecs appelaient la crise) pour soigner. Les spécialistes de rhétorique se sont ensuite emparés du thème : il ne suffit pas d’exprimer une chose exacte, il faut encore le faire à propos. C’est Aristote qui, dans l’Éthique à Nicomaque, a érigé le kairos en catégorie centrale pour analyser les actions humaines : profiter du kairos, c’est savoir saisir ces instants rares, où nos désirs d’une part et, d’autre part, le cours du monde coïncident. Dans la mesure où une bonne partie des circonstances extérieures qui définissent le kairos ne dépend pas de nous, il n’existe pas de règles assurées qu’il suffirait d’appliquer pour en profiter : l’art de saisir l’occasion n’est pas une science exacte. Cela réclame de la finesse, du flair, de l’intuition, toutes qualités qui rendent remarquables les grands hommes, les fins stratèges, les bons médecins ou les séducteurs invétérés. Le Kairos, un rapport au temps… Les Grecs représentaient donc Kairos comme un jeune dieu ailé tenant une balance – c’est le moment où tout peut basculer – et avec une touffe de cheveux sur le crâne : il passe vite, il faut pour l’attraper profiter de cet instant fugace où sa tête est bien orientée et nous offre une prise. Un des intérêts de cette notion est d’éclaircir le concept de « temps ». On peut néanmoins distinguer trois façons de considérer le temps :
- Le temps « objectif » tout d’abord, celui des horloges, c’est-à-dire celui des mouvements du cosmos sur lequel elles se règlent : il coule imperturbablement de façon mécanique, froide, linéaire.
- Le temps « subjectif » de la conscience ensuite, ce que certains appellent la durée, cette façon que nous avons de vivre et d’éprouver le temps qui s’écoule : chacun sait que certaines heures sont interminables, quand d’autres passent à toute allure.
- Et enfin, à la rencontre de l’objectif et du subjectif, le temps du kairos : soit des points remarquables dans le flux homogène du temps des horloges, qu’il faut savoir repérer, et saisir, pour réaliser ce qui nous tient à cœur.